Le Collectivisme 2 by Histoire

Le Collectivisme 2 by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Imprimerie Louis Roman
Publié: 1901-11-04T23:00:00+00:00


IX

Le luxe ! Les adversaires du collectivisme affirment, avec des pleurs dans la voix et les bras tendus vers le ciel, que ce régime doit supprimer le luxe, comme il supprimera la propriété, la famille, la religion !

Il importe toujours de distinguer : il y a luxe et luxe, il y a un luxe malsain et néfaste, il y a un luxe légitime et nécessaire.

Le malheureux, qui se décide à couvrir de tuiles sa chaumière au toit de paille, fait une dépense de luxe, comme celui qui remplace par un matelas la paillasse de son lit, comme celui qui remplace ses escabeaux par des chaises, ses sabots par des souliers, son bonnet de coton par une casquette.

Tout objet qui satisfait un besoin d’une manière plus complète ou plus agréable, devient un objet de luxe si on le compare à l’objet moins parfait ou moins utile auquel il est substitué.

Interdire un tel luxe, le stigmatiser et le honnir c’est se gendarmer contre le progrès, inévitable et fatal comme la révolution des astres ou le flux des mers.

Mais le luxe devient odieux et criminel dès qu’il ne satisfait plus un besoin essentiel ; dès qu’il a pour unique mobile de satisfaire la vanité ou l’orgueil de celui qui l’affiche.

Dès que le luxe a pour but de symboliser et d’extérioriser en quelque sorte les richesses d’un individu, il devient le plus épouvantable instrument de démoralisation.

Pour pouvoir affubler sa femme de dentelles pareilles à celles dont s’affuble la femme de tel ou tel milliardaire, il est des hommes capables de commettre tous les crimes, de condescendre à toutes les turpitudes.

Et jamais ils ne songent à toutes les tristesses accumulées en ces choses follement chères, ils ne se doutent pas que ce sont des pauvresses, guettées par la phtisie, qui ont tissé, pendant de longues, de longues heures, pour quelques sous dérisoires, ces étoffes de féerie.

Ils ne savent pas que les diamants dont ils ornent leur doigt sont arrachés à la terre par des mineurs faméliques, que l’on soumet à des purges régulières pour ne pas perdre les pierres précieuses qu’ils pourraient avoir avalées.

Ils ignorent, ces ignorants, qui croient tout pouvoir ignorer parce qu’ils sont riches, comme les nobles ignoraient tout jadis parce qu’ils étaient nobles, ils ignorent les souffrances des plongeurs qui, sous les tropiques, vont arracher aux vagues, au péril de leur vie, les huitres dont les perles s’étalent en rangées opalines sur les épaules de péronnelles insolentes ou fates.

Et les tisseurs qui surent dans les ateliers où se fabriquent les soieries, les tulles et les batistes, pour des salaires de famine ! Et les miséreux qui élèvent les vers à soie et ceux qui rouissent le lin au détriment de leur santé !

Oui, tout ce luxe est horrible : il est fait de peines, de haines, de grincements de dents, de privations et de supplices sans nom. Ce luxe, que l’on ose vanter, sent la fièvre, le typhus et la malaria ; il faut à cette fleur un fumier de cadavres.

Ce luxe



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